De nombreux médecins ont reçu un courrier du Président du Conseil national de l'Ordre des médecins dans lequel ce dernier présente le principal chantier pour l'institution : la réécriture du projet de loi relatif à la santé. Les professionnels de santé qui exercent en centres de santé où toujours se pratiquent le tiers payant et les tarifs de secteur 1 ou le service au public est une réalité quotidienne, ont tenu à répondre à leur Ordre de tutelle dont les actions dépassent le champ de ses missions légales : veiller au maintien des principes de moralité, de probité, de compétence et de dévouement indispensables à l’exercice de la médecine et au respect, par tous les médecins, des principes du code de déontologie médicale.
Cher Confrère,
Par votre lettre du 19 Décembre 2014, vous nous tenez au courant des chantiers sur lesquels le Conseil de l’Ordre compte s’investir pour l’année qui commence.
Votre premier paragraphe attaque le projet de loi de santé en cours de préparation. Vous mettez en cause ce que vous appelez l’hyper administration du service territorial de santé, dont nous vous rappelons que l’intitulé officiel est Service Territorial de Santé au Public. Tous les mots ont leur importance. Vous mettez aussi en cause le projet de tiers-payant généralisé. En cela, il nous semble que vous débordez le rôle de l’Ordre des Médecins en tenant un langage davantage syndical, voire politique. Cela donne l’impression que l’Ordre des Médecins choisit de ne représenter que les médecins hostiles au projet de loi.
Vous n’êtes pas sans savoir que nombre de médecins de France, cotisant à l’Ordre, participent à des groupes de travail, collaborant ainsi aux discussions toujours ouvertes à partir de ce projet de loi qui vise à mettre la prévention au centre des objectifs de santé. Projet de loi qui vise également à favoriser une évolution vers une accessibilité réelle aux soins pour les patients qui en sont éloignés. Parmi ces médecins certains, comme nous, exercent d’ailleurs en tant que salariés dans des structures où le tiers payant existe depuis des décennies et mesurent ainsi quotidiennement le bien fondé d’un tel dispositif.
En écartant pour des raisons purement idéologiques ceux d’entre nous qui sont favorables à une évolution des objectifs de santé publique, votre discours peut sembler nous exclure de la communauté médicale.
Monsieur le Président, votre lettre nous donne l’opportunité de vous rappeler l‘espoir, pour une partie du monde médical, que l’Ordre ne sorte pas de son rôle de garant de l’éthique et de la déontologie -qui est avant tout le sien par des considérations à priori d’opposition à tout changement mettant en question les positions acquises et les intérêts particuliers. Nous rêvons d’un conseil de l’Ordre qui puisse jouer un rôle d’acteur positif pour la santé publique et qui reste ouvert aux besoins réels des patients et à tous les médecins de terrain, sans exclusive, qui les accompagnent.
Nous vous prions de croire à nos sentiments très confraternels et à notre disponibilité pour tout échange constructif.